Seignelay, son histoire

Seignelay, son histoire

Maison-Dieu ou Hôpital, rue Docteur Chauvelot, à Seignelay

Seignelay

 

Aux archives départementales (H 2388), nombreuses sont les pièces pour le XVIIIe siècle.

 

 On ignore l'origine de l'Hôtel-Dieu et déjà au XVIIIe siècle on établissait les <preuves de l'existence d'un Hôtel-Dieu à Seignelay avant le legs de M. de Colbert, décédé le 3 novembre 1690>. On relevait dans les registres de la paroisse, des décès depuis 1663 des malades <morts à la Maison-Dieu>; on mentionnait une maison payant rente à l'hospice et qui <de tous les temps a été appelée Maison-Dieu>.

 

En 1702, les habitants de Seignelay assemblés au son de la cloche apprirent du procureur-syndic de la communauté que <messire J.-B. Colbert, chevalier, marquis de Seignelay, conseiller du roi en tous ses conseils…, avait légué une somme pour fonder à perpétuité en ce lieu un hôpital que la seule charité des seigneurs de la maison de Colbert y entretenait depuis longtemps…>.

 

Les habitants consultés dirent unanimement que cette fondation leur serait avantageuse; le curé, le procureur, le greffier au bailliage, l'huissier royal, les huissiers du marquisat, un garde et 37 notables (marchands, laboureurs, jardiniers, boulangers, vignerons, manouvriers, maçons, cordonniers, charpentiers) <représentant la plus grande et la plus saine partie des habitants et le corps de ladite communauté, signèrent cette déclaration. Colbert leur laissait 25.000 livres. Un règlement fut établi en 1747, où l'on voit que <deux sœurs étaient chargées de l'éducation des pauvres filles et de visiter les malades>. Des différends s'élevèrent, par la suite, entre l'hôpital et les tuteurs de Mademoiselle de Montmorency, marquise de Seignelay, au sujet de la rente des 25.000 livres qui n'était plus payée régulièrement. En 1771, l'évêque d'Auxerre visita l'hôpital et à cette occasion on lui soumit un mémoire où était décrite l'administration de l'établissement.

 

 Qu'il suffise de relever ceci : <Le bureau s'assemble tous les dimanches; on dresse un état de ceux qui sont malades ainsi que de ceux qui, sans être malades, ont besoin d'être secourus dans leur pauvreté; on fait fournir aux premiers les bouillon, tisane et médicaments par les soins des sœurs dudit hôpital, ainsi que le linge nécessaire pour leur maladie et que tout ce qui est nécessaire; on y distribue du pain aux seconds relativement à leurs besoins; lorsqu'il survient des malades dans le courant de la semaine, ils sont admis au bouillon et aux soins des sœurs sur un billet signé de deux administrateurs et le dimanche suivant on en fait rapport au bureau…>.

 

L'hôpital est cité aux Archives Nationales (MM. 219, fol. 169, diocèse d'Auxerre).

 

 

Nous avons établi, par documents authentiques, que la Maison-Dieu ou l'hôpital de Seignelay, existait au moins en l'an 1500, et qu'elle appartenait au seigneur de ce lieu. Il y avait alors trois lits pour les malades et la maison était entretenue aux frais du seigneur.

 

            Au XVIIe siècle, le régime de la maison était le même. En 1690, le marquis de Colbert dota l'hôpital d'un capital de 25,000 livres qui devait produire 1,250 livres de rente. Cette libéralité fut acceptée par les habitants réunis en assemblée générale et ils émirent le vœu que la fondation perpétuelle de l'hôpital fût faites sous l'agrément du roi et avec règlements et statuts.

 

            L'hôpital possédait antérieurement divers biens-fonds légués par les habitants de Seignelay. La fondation de Colbert vint accroître ses ressources. En 1747, le marquis de Seignelay rédigea des statuts pour l'établissement, qui furent confirmés par arrêt du Parlement en 1777. L'hôpital reçut par cet acte, un caractère public, d'autant plus qu'aux termes des statuts les habitants devaient, tous les ans ou tous les deux ans, nommer un ou deux administrateurs qui prenaient place au bureau des administrateurs-nès, qui étaient les premiers officiers du bailliage et le curé de la ville.

            Mais, dans le cours du XVIIIe siècle, plusieurs incidents, soulevés par le conseil de tutelle des mineurs de Montmorency, à l'occasion des réparations de certain logement occupé par un des chapelains du château, amenèrent les administrateurs de l'hôpital à reconnaître que les bâtiments appartenaient aux seigneurs en toute propriété et ils se soumirent à en payer le loyer (1768).

 

            A la révolution de 1789, les choses changent de face. L'hôpital continue à exister, mais comme service public. Les administrateurs, réunis, délibèrent sur la gestion de ses intérêts, sans qu'ils fassent mention de l'ancien état de choses, sauf à la première délibération qui suivit la suppression des justices seigneuriales et où ils réélirent MM. Bérauld et Bourassé, anciens officiers du bailliage. Et dès l'an V de la République on voit l'administration cantonale nommer des administrateurs conformément à la loi du 16 Vendémiaire an V.

            L'émigration de M. de Montmorency, seigneur de Seignelay, ayant amené le séquestre de ses biens. L'Etat devint débiteur des rentes dues à l'hôpital par le dit seigneur ; ces rentes furent reconnues mais réduites au tiers appelé le tiers-consolidé. Quant à la maison où était établi l'hôpital, il fut reconnu alors (an II et an IV) que le bâtiment en appartenait à la nation, au droit de l'émigré Montmorency. Cette maison ne fut pas vendue par l'Etat, et l'hôpital continua de l'occuper.

 

            Après la révolution, et dès 1802, l'école de charité fondée par les seigneurs fut rétablie dans les bâtiments de l'hôpital et la sœur Anastasie y adjoignit un pensionnat.

            Ce n'est que vers 1809 que commence l'intervention des régisseurs de la famille de Montmorency dans les choses de l'hôpital, devenu bureau de bienfaisance. Le Maire, président du bureau, en réponse à une demande de passation de bail de la maison où siégeait l'hôpital, faite par le régisseur, répliqua qu'ils vont écrire à Madame de Montmorency, voulant tenir cette maison de ses bienfaits.

            La loi de 1814, qui rétablit les émigrés dans leurs biens invendus, ne provoqua de la part de Madame de Montmorency aucune demande en restitution de la maison de l'hôpital. Les choses demeurèrent en l'état. Les religieuses y tinrent écoles comme auparavant. Le bureau de bienfaisance, légalement constitué, continuera à administrer la maison de charité avec le concours des religieuses salariées par lui pour leur double fonction.

            Des donations de bâtiments, de jardins, de cours, sont faites depuis 1817 au bureau de bienfaisance pour agrandir l'habitation des sœurs de charité y attachées. La procuration de Madame de Montmorency, jointe à l'acte de 1817, contient même une déclaration « que c'est pour réunir le jardin Bondoux à la maison qui lui appartient ».

            En 1820, le legs Brunot est exclusivement fait au bureau de bienfaisance pour la tenue des classes de l'école.

            En 1828, M. Boutarel, régisseur de Madame de Montmorency, acheta une partie de cour qu'il réunit à l'hôpital.

            En 1829, le même fait réparer le plancher de la classes primaire.

            En 1829, le Bureau réclame un loyer aux religieuses pour leur pensionnat, ce qui causa un grand débat qui se termina par la renonciation du Bureau à ses réclamations sous la menace de la supérieure de Nevers de retirer ses sœurs, mais sans revendications bien directe de propriété.

 

            Les années postérieures et jusqu'en 1860 le Bureau fait exécuter divers travaux dans les bâtiments de l'école primaire, pour la salle d'asile, le bûcher des pauvres.

            Quant aux religieuses de la congrégation de Nevers il n'apparaît pas qu'elles aient jamais fait acte formel de propriété dans les bâtiments du bureau de bienfaisance.

            On ne voit pas, depuis 1829, d'autres actes d'intervention des fondés de pouvoirs de la famille de Montmorency, dans les affaires du bureau de bienfaisance, sinon par leur présence comme membres dans le bureau d'administration et par leur possession d'une des deux clefs de l'armoire des titres de l'établissement, en vertu des anciens statuts de 1747. Le régisseur actuel, M. Poursin-Longchamp, la possède même encore et a concouru à l'ouverture de ce meuble lorsque les titres et papiers du Bureau m'ont été communiqués au mois de novembre dernier, en vertu de la dépêche de M. le Préfet en date du 9 octobre précédent.

            Je crois avoir élucidé complètement la question de l'origine de l'hôpital de Seignelay, et des phases diverses par lesquelles il a passé dans le cours des siècles, et avoir fourni autant qu'il était en mon pouvoir à l'administration les documents nécessaires à la solution des difficultés élevées sur la propriété des bâtiments dans lesquels sont établis le bureau de bienfaisance, l'école primaire des filles et la salle d'asile.

 

            Auxerre, le 20 octobre 1875.

 

                                                                                       Max  QUANTIN,

                                                                                           Archiviste du département de l'Yonne.

 

Bail à rente, 2 avril 1702 (extrait)

 

 

Ratification de l'acte du 30 septembre 1787 (extrait)

 

 

 

Mesurage et bornage d'une pièce de terre léguée à l'Hospice

en 1862, lieudit Le Moulin de Caillotte, commune de Bouilly

 

 

Bureau de Bienfaisance, vers 1970, actuelle Maison des Associations

 

 

Plan du rez de chaussée, à l'époque du Bureau de Bienfaisance

 



16/02/2010
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