L'Orgue, église Saint Martial à Seignelay (Les Amis des Orgues)
L'Y.R. du 24 février 1983, page 2
Patrimoine.-. L'instrument de Seignelay menace ruines.
"Les amis des orgues de Saint-Martial" une association pour lui redonner vie.
Seignelay - Une nouvelle association est née cet hiver, dans la cité de Colbert, "Les Amis des orgues de Saint-Martial".
Comme son titre le laisse deviner, elle s'est donnée pour tache de faire procéder à la remise en état complet de l'instrument actuel qui donne tous les signes d'une dégradation rapide et sur lequel plane la menace d'une inutilisation prochaine.
Réunir les fonds nécessaires pour faire procéder à une restructuration complète est sans aucun doute mener une entreprise de longue haleine, "En nous y attachant, nous estimons répondre aux souhaits de la plupart des familles de Seignelay", souligne le président Camille Sautet, qui précise le triple objectif poursuivi:
- Assurer l'accompagnement et la beauté des offices liturgiques et des cérémonies religieuses.
- Organiser des concerts et récitals pour soutenir les œuvres diverses et pour favoriser, pour le plus grand nombre, l'approche et le goût de la belle musique, religieuse et profane.
- Participer aux activités scolaires musicales de la région, en mettant à la disposition des étudiants, avec l'assistance d'un professeur, un instrument de qualité.
Conscients des difficultés de tous ordres qu'il faudra surmonter, les responsables ont décidé de solliciter les subventions qui peuvent être accordées par l'Etat ou les collectivités publiques - établissement public régional, conseil général, mairie.
Mais aussi "Aide-toi, le ciel t'aidera" ils s'attacheront à élaborer un programme de manifestations susceptibles d'apporter la contribution de l'association en se procurant des ressources autorisées par les textes législatifs ou réglementaires.
Par ailleurs, la population, apparemment sensibilisée, a été invitée à participer à l'effort commun. On peut lui faire confiance, elle participera de bon cœur. C'est qu'il faudra trouver 450 000 francs actuels avant de commencer les travaux de restructuration complète, car on ne peut procéder par tranches dans ce genre d'opération, même si on peut le regretter. On immobiliserait l'instrument plusieurs années et irait ainsi à l'encontre de l'objectif recherché.
Des défauts de construction
Il s'agit d'un orgue construit par la maison Jacquot, en 1926. Il comporte 12 jeux répartis sur deux claviers manuels expressifs (56 notes) et un pédalier (32 marches). La traction est mécanique pour le récit et le pédalier, le grand orgue est équipé, en outre d'une machine "Barker" pour le tirage des notes.
La défectuosité de l'instrument n'est pas seulement due aux années (un orgue de 60 ans n'est pas vieux au regard des orgues historiques de deux siècles en parfait état) mais aussi et surtout à sa construction avec un certain nombre d'éléments de récupération de l'orgue précédent obligeant le constructeur à concevoir l'orgue "autour" de ces matériaux.
D'où cette mécanique immense, compliquée, vouée au dérèglement, d'où cette pauvreté sonore. Problème d'artifice mécanique alourdissant, dédoublant les jeux, mais accroissant les risques de dérèglement, problème de tuyauteries, de claviers manuels, de pédalier aux côtés non réglementaires, de ventilateur s'ajoutent au point qu'il apparaît que si cet instrument fonctionne encore tant bien que mal, il n'en demeure pas moins vrai qu'il est voué à une déchéance certaine que seule restructuration pourrait sauver.
Le titulaire de l'orgue Jacques Goulet, un enfant du pays, que tout le monde estime, et les deux facteurs spécialisés, la manufacture Oberthur, de Saintes et la manufacture Hœnig, de Sarre-Union sont formels. Il faut traiter la restructuration d'une seule opération pour éviter la rectualisation des devis.
Il est naturellement impossible de donner une date précise mais les responsables de l'association et le doyen Lebrun (le presbytère est le siège social de l'association) sont bien décidés à faire vite, très vite. Ils ont repris leur bâton de pèlerin et après avoir frappé aux portes des collectivités publiques, ils mettent actuellement au point un programme de manifestations avec un double objectif: favoriser pour le plus grand nombre l'approche et le goût de la belle musique, religieuse et profane, en organisant concerts et récitals au profit d'œuvre d'intérêt public.
Parce qu'il s'agit bien d'une évidence: la remise en état des orgues de Saint-Martial est bien une opération d'intérêt public qui concerne toute la population de Seignelay.
M.M.
Historique:
C'est du temps du curé Chabassol (1805 - 1818) que l'église posséda non seulement un serpent, mais un petit orgue placé sur une tribune construite au-dessus de la petite porte, près du cimetière. Mais il est démonté, en 1829 et transporté dans le grenier de l'hospice.
Le deuxième orgue fut acheté en 1853, par le curé Vallot et installé dans une tribune construite en 1850 et qui existe encore. Il provenait d'une fabrique d'orgues parisienne. Il vécut vaille que vaille jusqu'en 1921, mais à cette date, il était déjà hors d'usage.
C'est alors que l'abbé Villetard, curé de Seignelay depuis 1919, tenta de le transformer. Après bien des déboires et le manque de ressources suffisantes, il fallut renoncer à ce projet. En 1925, il décida de faire construire un orgue véritable. C'est la maison Jacquot, de Rambervilliers (Vosges) qui le construisit pour une somme de 77 500 francs. L'inauguration eut lieu le 27 mars 1927. L'association entend, avec la restructuration complète, rajeunir ce troisième orgue seignelois.
L'orgue, datant de 1927
L'Y.R. du 22 avril 1986, page 6
Seignelay aura son nouvel orgue dans un an
Dans un an, l'église Saint-Martial de Seignelay disposera d'un orgue neuf. Telle est la bonne nouvelle que le président Sautet annonça lors de l'assemblée générale de l'Association des Amis des orgues de Seignelay.
Une assemblée générale réunissant une assistance un peu moins "modeste" qu'à l'habitude, sans doute que la proximité du but ranime l'intérêt de l'opération.
Depuis trois ans, l'association s'est battue pour constituer des dossiers de demandes de subvention, pour organiser des manifestations diverses susceptibles de fournir des ressources, pour rassembler les amitiés et les fidélités en essayant de maintenir une sorte de feu sacré.
Quarante deux mois après la déclaration de l'association à la préfecture, on peut dire que les responsables n'ont pas ménagé leurs efforts et un an avant la mise en place de l'instrument il est permis d'écrire qu'ils ont gagné la partie.
Le temps de la patience
La période que nous venons de vivre fut sans doute le temps de la patience et de la continuité. C'était celle du rassemblement des fonds et les membres de l'association doivent aussi être remerciés pour leur participation (70% sont de Seignelay). C'était également un grand coup de chapeau de l'organiste Jacques Goulet, pour sa compétence et son dévouement. Aujourd'hui est venue l'heure de l'espérance.
Les travaux ont commencé en mars 1985 en atelier, grâce à l'habileté d'un membre de l'association, M. Pierre Roche, qui avait déjà accompli une belle prouesse en construisant une remarquable maquette du château de Colbert pour l'exposition du tricentenaire de 1989, les fidèles peuvent voir dans l'église une intéressante maquette qui préfigure l'instrument qui, d'ici à environ un an, devrait prendre place à Saint-Martial. Un complément de quelques indications techniques l'accompagnent.
Le nouvel instrument sera un orgue à traction mécanique de deux claviers et un pédalier qui comportera 17 jeux (l'orgue actuel n'en comprend que 12) avec 1072 tuyaux au lieu de 688 aujourd'hui. Les tuyaux ont été terminés début avril, le banc et le pédalier devraient être faits, ainsi que les tuyaux en bois, à la fin mai. La fabrication des sommiers devraient suivre. Le facteur grenoblois, M. Giroud ne démontera pas l'instrument actuel avant l'automne, laissant seulement l'église quelques mois muette.
Ces bonnes nouvelles, la bonne santé des finances présentées par Mme Roche valurent les commentaires flatteurs du doyen Lebrun et la reconduction du bureau dans son intégralité: Mmes Gamard, Roche, Holoye, MM. Goulet, Olivotto, Sautet, Roche, Moreau. Et sans prendre trop de risques, on peut actuellement prévoir que M. Camille Sautet conservera la présidence et qu'il continuera à diriger la même équipe, dans les mêmes conditions avec le même dévouement et la même aimable férule.
Michel Moreau.
L'Y. R. du 23 juin 1987, page 5
Seignelay - Le nouvel orgue est en place
C'est fait. Non seulement le nouvel orgue de Seignelay est en place, mais il chante. Dimanche, heureuse coïncidence, jour de la fête Dieu, les fidèles de l'église Saint-Martial ont pu entendre les premiers accords de l'instrument, balbutiements seulement, puisque quelques jeux sont harmonisés.
Cet instrument qui remplace celui construit en 1926 au même endroit et qui a terriblement souffert de malfaçons et des conséquences qui en ont résulté est un orgue traditionnel à tuyaux dont l'intégration dans les lieux n'a posé aucun problème.
Il se situe à l'endroit même où se dressait l'ancien, de plain-pied, à l'entrée du chœur, constituant en même temps une séparation naturelle avec l'autel de la Vierge. Il s'inscrit sur l'un des axes brisés de la voûte, soulignant ainsi l'élancement du buffet. Elancement d'ailleurs accentué par le dégagement des côtés et l'échancrure des couronnements (6,45 m de hauteur) en même temps qu'ils permettent d'apercevoir les taches de couleurs pleines de vie et de lumière des vitraux.
De conception traditionnelle, il dispose de 17 jeux sur deux claviers ouvragés dont l'étendue est de 56 notes avec, en complément, un pédalier de 30 notes. Le soubassement, assez bien réussi, donne à l'ensemble une assise de 2,10 m de profondeur et de 1,75 m de largeur pour un poids de 5 tonnes, harmonieusement réparti, tandis que la "montre", les tuyaux de façade et la silhouette du buffet offrent une ligne parfaitement en équilibre et à sa place dans le lieu qui le reçoit.
Telle est la conception souhaitée par le facteur Michel Giroud, de Bernin, dans l'Isère, et par les responsables de l'association des Amis des orgues de Seignelay: le président, Camille Sautet, et l'organiste, Jacques Goulet, qui se plaisent d'ailleurs les uns et les autres de l'harmonie des rapports existant désormais entre le Dauphinois, son équipe et les Seignelois.
Façonner le tempérament sur place
L'instrument est fait de bois de la région (chêne massif de Châtillon-Coligny, dans le Loiret). Démarche intellectuelle et symbolique, mais également dictée par des soucis d'ordre hygrométrique comme à chaque fois, dans le cadre du buffet conçu à l'ancienne, ce qui est le cas en la circonstance.
Il a suffi de quatre jours aux ouvriers de la manufacture pour monter la mécanique de l'instrument. Par contre, plusieurs semaines sont nécessaires pour la mise en harmonie des jeux.
"Un orgue traditionnel est conçu pour vivre plusieurs siècles", explique Michel Giroud. "Il est nécessaire de tenir compte de l'architecture du monument pour son intégration, de la lumière pour sa présence dans les lieux, de l'acoustique pour sa vie et celle de l'assemblée".
C'est pourquoi il est indispensable de lui donner son caractère propre en fonction de tous ces critères et de choisir un partage d'octaves sur lesquelles l'harmoniste va s'appuyer.
"C'est tout l'art du facteur. L'humidité actuelle constitue une petite difficulté supplémentaire. Et, de toute évidence, l'idéal pour la bonne tenue d'un instrument à mécanique suspendue demeure deux passages de l'harmoniste par an au sortir et à l'entrée de l'hiver pour corriger les influences de la température. Naturellement, l'avis de l'organiste titulaire compte également. Et comme celui de Jacques Goulet correspond aux goûts de M. Clerc, le conseiller technique régional dans le domaine des orgues, ce qui fut également précieux au niveau des subventions, notre tâche est facilitée", précise M. Giroud, qui doit "couper au ton" plus de 1000 tuyaux…
C'est surtout "la montre de huit", les premiers jeux que l'on entend lorsque commence l'harmonie, qui est le véritable test de l'acoustique. Et c'est pourquoi on a pu voir le facteur et son compagnon se poster en différents points de l'église pendant l'office pour juger de la réverbération des sons.
Culte et culture
Voilà pourquoi aussi la construction d'un orgue atteint des sommes importantes (650 000 F pour celui de Seignelay, réunis en trois ans, ce qui constitue une belle performance pour une bourgade de 1 500 habitants).
En complément de l'aspect culturel fondamental de l'instrument auquel ils donnent logiquement la priorité, les responsables de l'association précisent leur intention de privilégier également l'aspect culturel qu'ils souhaitent maintenir à l'instrument. "On se doit de prolonger la réflexion et de veiller à ce que le choix des œuvres profanes qui seront interprétées sur cet orgue conserve un côté liturgique".
Ce qui ne nuit pas aux intentions pédagogiques qu'ils prêtent à l'instrument Saint-Martial. "Ce sera une tribune ouverte à toutes les mains ayant fait preuve de leur habileté et de leur respect. Il est bien vrai que nous entendons encourager les vocations. Mais nous nous efforcerons d'être vigilants et d'éviter certains excès en tous genres".
Ils rejoignent encore le facteur Michel Giroud, visiblement heureux de jouer sur le même registre et qui peaufine la couleur de l'harmonisation qui s'éveillera, de dimanche en dimanche, jusqu'au jaillissement triomphant du jour de l'inauguration prévue fin septembre.
Michel Moreau.
L'Y.R. du 17 septembre 1987, page 7
Pari tenu pour les amis des orgues de Seignelay
Les responsables de l'association des Amis des orgues de l'église Saint-Martial de Seignelay ont gagné leur pari. Cinq ans après la création de leur association, ils inaugurent le nouvel instrument.
Ont est obligé de reconnaître qu'il s'agit d'une très belle performance pour l'équipe animée par le président Camille Goulet et l'organiste Jacques Goulet. Ils ont su mobiliser tout le monde, conseil régional, conseil général, municipalité, population locale, amis de l'église, autour de trois idées maîtresses: sauvegarde du patrimoine, animation culturelle, vocation culturelle, même s'ils ont dû avoir recours à l'emprunt (Caisse d'Epargne d'Auxerre) pour boucler leur budget, réunir 650 000 F en cinq ans n'est pas une évidence pour une localité de 1 500 âmes.
On se doit surtout de souligner l'effort collectif de la paroisse, la très bonne réponse de la population locale à la demande des responsables de l'association au niveau des adhésions et des cotisations qu'illustre cette réflexion d'une cotisante régulière aux revenus que nous nous permettons de qualifier de modestes. Oui je donne de bon cœur, un peu d'argent pour l'orgue. son chant est indispensable aux cérémonies religieuses. Il leur donne davantage d'éclat et incite davantage à la méditation. Et c'est une partie de l'église qui, certes, appartient à la collectivité, mais que la collectivité se doit également d'entretenir et d'embellir.
C'est avec un tel état d'esprit que l'on peut progresser. C'est bien pourquoi le concert inaugural du dimanche 27 septembre, qui fera suite à la messe du matin, sera offert gratuitement à toute la population, au même titre que le vin d'honneur qui suivra. Elle l'a largement mérité, assure le président Sautet, heureux de cette fidélité… des fidèles.
La bénédiction de l'orgue sera effectuée au cours de la messe tandis que les auditeurs de l'après-midi pourront applaudir le titulaire de la cathédrale Sainte-Bénigne de Dijon, Maurice Clerc, et le facteur, M. Giroud, de Grenoble, qui a su, en un temps record de quelques semaines, démonter le vieil orgue et monter le second sans priver l'église longtemps de son instrument.
C'est une performance qu'il faut souligner, en même temps que le pari de l'association qui a su, avec opiniâtreté, bonne volonté et bonne humeur, mener à bien, dans des délais relativement brefs, une tâche que certains annonçaient comme insurmontable.
M.M.
L'orgue actuel, construit en 1987
L'Y.R. du 30 septembre 1988
L'inauguration de l'orgue de Seignelay
Une harmonieuse association de la prière et de la musique
Avec l'inauguration de son nouvel orgue, Seignelay a vécu, dimanche, une journée porteuse de joie. Et si dans son allocution, le président de l'association des Amis des Orgues, Camille Sautet, formulait ses premiers remerciements à « la bonne providence » et à « Notre-Dame de patience », on peut assurer qu'il a appliqué, de son côté, à la lettre le vieux proverbe « Aide-toi, le ciel t'aidera ! ».
En vérité, dans sa joie et sa fierté toujours mesurée d'avoir mené à bien l'équipe qu'il animait et avec le doyen Lebrun durant cinq ans pour faire face au prévisible et à l'imprévisible. C. Sautet pouvait justement remercier les paroissiens qui avaient littéralement envahi l'église. Et saluer l'aide du conseil régional et le vigilant soutien du conseil général dont le président lui-même, Jean Chamant, avait tenu à manifester sa sympathie en assistant à la messe.
L'inauguration d'un orgue est une opération charnelle, selon l'expression de Charles Péguy, qui s'inscrit, au-delà d'une vie humaine, se renouvelle de proche en proche pour « maintenir » au sens latin du mot de protéger et de défendre. Cela fait deux siècles que sur l'impulsion de ses pasteurs et le truchement de divers appareils, Seignelay s'est attaché à conjuguer la prière et la musique.
L'art du facteur d'orgues Michel Giroud et de ses compagnons – tous présents dimanche – est l'accomplissement d'une réalisation qui fait participer à la beauté du monde où l'espérance ne cesse de s'affirmer.
L'espérance, maître mot de ce jour de joie, pour une paroisse et des fidèles des environs, une (bonne) chorale venue du C.I.G.A. et des maisons voisines… maître mot de l'homélie du doyen Lebrun qui ne manqua pas de rappeler que la première mission de l'orgue était « le service de la liturgie chrétienne pour la vie d'une assemblée, pour l'édification du peuple de dieu ». il aide à la méditation lorsque joue le soliste, il accompagne les voix lorsque l'assemblée chante sa foi. Un orgue est également un foyer de musique et de culture autour duquel il fait bon se réunir pour chanter sa foi et sa confiance.
Les fidèles l'avaient fait le matin après la bénédiction de l'instrument. Ils se sont retrouvés l'après-midi autour de Maurice Clerc, titulaire des grandes orgues de la cathédrale Sainte-Bénigne de Dijon pour le récital inaugural.
L'organiste sut tirer le meilleur parti d'un instrument très performant et remarquablement équilibré qui répondit merveilleusement à sa dextérité. Après que J. Goulet, le titulaire Seignelois, eût interprété quelques belles pages de Buxtehude, M. Clerc proposa à l'auditoire, sous le charme des œuvres de Pachelbel, Balestre, Rameau, Couperin, l'« Allegro d'une symphonie de Vienne » dont on fête le cinquantenaire. Et il fut véritablement ovationné avec « La Toccato », de J.-S. Bach et la suite médiévale de J. Langlais.
Un vin d'honneur, offert par la municipalité, elle aussi partie prenante dans l'opération, clôturait cette belle journée. Le maire, M. Rapin, ne manqua pas de féliciter les maîtres d'œuvre de la construction de l'instrument et de manifester sa vive satisfaction.
Outre le président Chamant, MM. De Raincourt, sénateur ; Auberger, député ; MM. Chambon et Raveneau, conseilleurs généraux, avaient, par leur présence, tenu à manifester leur sympathie à une paroisse qui entend par sa foi et sa volonté associées à l'alliance de la pierre et du bois et autres matériaux nobles, faire lever une étonnante image de continuité et de renouveau.
Gino Olivotto
et Michel Moreau.
L'Y.R. du 29 mars 1988, page 4
Après plus de cinq années d'effort méthodique et de travail suivi d'une petite équipe dévouée, Seignelay possède désormais dans son église un instrument de haute qualité, un orgue neuf qui, outre sa fonction propre, favorisera le rayonnement de l'activité musicale.
C'est l'observation majeure que l'on peut retenir de la récente assemblée générale des Amis des orgues de Saint-Martial de Seignelay. En ouvrant la séance, le président Sautet pouvait avoir le sourire satisfait de celui qui sait sa mission remplie. L'association est née en 1982, l'instrument a été inauguré en septembre 1987. Lorsqu'on sait qu'il a coûté 650 000 F on peut admettre qu'il s'agit d'une sorte d'exploit pour une localité d'à peine 1 500 âmes.
L'inauguration a été évoquée dans ces colonnes. L'orgue est là, il faut maintenant l'entretenir et il faut honorer les échéances de l'emprunt pendant encore huit ans. Ce qui revient à expliquer qu'il ne faut surtout pas que l'association ni la population se démobilisent. La première a présenté son budget. Il sera en équilibre si les gens de la paroisse se montrent toujours fidèles et généreux et si les concerts attirent encore les mélomanes.
Ceux-ci viendront certainement car les programmes présentés sont de qualité, comme d'habitude. on retiendra particulièrement celui prévu le samedi 9 juillet à 21 heures, à la basilique de Vézelay où se produira la harpiste mondialement appréciée Marielle Nordmann et le flûtiste également connu, Philippe Depetris. On insistera également sur celui du week-end du 15 août, une tradition très suivie qui renaît avec l'instrument.
Outre sa vocation culturelle, les offices de Noël, des Rameaux ainsi que quelques mariages en sont des exemples évidents. L'orgue seignelois va progressivement évoluer vers des objectifs initialement visés par les maîtres d'œuvre: la pédagogie et le rayonnement musical.
L'instrument de 17 jeux réalisé par le facteur grenoblois Michel Giroud est une réussite technique (et architecturale). Il est très apprécié des organistes du département qui l'ont tous essayé et même de ceux venus de plus loin. Beaucoup proposent leurs services pour des concerts. Voilà qui assure la pérennité des manifestations musicales. Certains ont même amené leurs meilleurs élèves à la console. Et cela correspond et au désir des responsables et à ceux des organismes officiels du département et de la région qui ont attribué des subventions.
Mieux encore, l'année prochaine, celui qui fut peut-être le grand maître de la composition musicale d'orgue. J-S Bach, sera célébré à travers plusieurs concerts dans le département. L'instrument seignelois a été retenu par les responsables d'une manifestation organisée au niveau régional. C'est un bel hommage au constructeur et un clin d'œil de reconnaissance pour une association, heureuse d'une si souriante évolution.
Qui aurait imaginé une telle consécration à l'époque où dans les salons du château, M. Colbert se délassait d'une journée de chasse dans les bois de la Duchesse en écoutant les belles dames en perruque jouer de l'épinette.
Extrait plaquette éditée par "Les Amis des Orgues de Saint-Martial"
Conception et réalisation
Il s'agit d'un orgue de 8' en montre, comportant 17 jeux réels, répartis sur 2 claviers de 56 notes et un pédalier de 30 notes.
1er clavier de grand orgue, 2ème clavier de positif de poitrine. Ce plan s'inscrit au-dessus des claviers, sous le grand orgue, la pédale étant placée à l'arrière du grand orgue.
L'instrument se trouve de plain-pied, à l'entrée du chœur, au droit de la nef. Il s'inscrit sous l'un des arcs brisés qui souligne le côté élancé du buffet. Il s'agissait pour nous d'aérer tout cet espace.
Composition
A main gauche A main gauche
Grand orgue : Grand orgue :
Montre 8' Flûte 8' à cheminées
Prestant 4' Nazard 2' 2/3
Doublette 2' Tierce 1' 3/5
Plein-jeu V Tremblant
Trompette 8'
Pédale : Positif :
Soubasse 16' en bois Bourbon 8' en bois
Flûte 8' bois et métal Flûte 4' à cheminées
Flûte 4' métal Flûte 2' conique
Fagott 16' Quinte 1' 1/3
Accouplement II/I-I/II Dulciane 8'
Tirasses II/p-I/p Tremblant
Façade :
Tuyaux en montre : la disposition des tuyaux de façade suit la disposition au sommier.
2 grandes tourelles plates diatoniques, comprenant 2 x 7 tuyaux chacune, en étain écussonné, encadrant 2 plates-faces en renversement, comprenant 9 tuyaux, en étain poli, écussonné.
Cette façade appartient à la montre 8' de Go, basses et dessus étant à l'intérieur. Soit 32 tuyaux en façade.
Positif et pédale :
L'ensemble des tuyaux se trouve sur son vent, à l'intérieur du buffet.
Mécanique
Elle est de type « suspendue » pour le Go et le Po de poitrine. Pour le Go, l'ensemble de la mécanique aboutit à un grand abrégé en chêne, placé sous les 2 sommiers.
L'ensemble console des claviers est en fenêtre.
Le tirage des jeux se fait par tirants carrés, à pommeaux tournés, en poirier. Ils sont placés verticalement, de chaque coté des claviers.
L'ensemble des claviers est à tons plaqués en os ; feintes en ébène.
Les appuis de claviers sont en chêne, à incrustation d'ébène, le fronton des touches est mouluré.
Longueur des tons : 45mm
Longueur des feintes : 70mm
L'ensemble claviers et tirages de jeux est fermé par des volets.
Sommiers
2 grands sommiers diatoniques au Go.
1 grand sommier diatonique au Po.
2 grands sommiers diatoniques à la pédale.
L'ensemble de ces sommiers a été réalisé en chêne massif. Les barrages sont en épicéa.
Alimentation
L'alimentation est la régulation ont été réalisées à partir d'un système qui nous est propre, intégré à chaque sommier, ce qui assure, outre un gain de place non négligeable, un vent vif, vivant, mais sans instabilité du type altération, secousse, houppement.
Un réservoir primaire assure la répartition du vent.
Les pressions sont/
Go 72mm
Po 68mm
Ped. 90mm
Tous les porte-vent sont en épicéa. Les postages de façade en plomb. Les rouleaux de transmission de la mécanique de tirage de jeux en chêne, octogonaux, avec des bras en fer forgé.
Tuyauterie et harmonisation
Le choix des progressions des tailles, des alliages, des hauteurs de bouches a été déterminé à partir de l'étude acoustique du lieu.
Tous les tuyaux sont coupés au ton., à l'exception des tuyaux de façade. Les bourdons et les flûtes sont à calottes soudées.
L'accord a été réalisé au La 440. Le tempérament choisi est le Werkmeister III.
Ont œuvré à cette réalisation :
Conception, plans et harmonie ….…. Michel Giroud
Marc Buttard
Réalisation ……………………………. André Lanièce
Thierry Pont
Alain Vallette
Tuyauterie …………………………….. Hermann Klein