Eglise Saint-Martial, vitraux, clocher, article Abel Moreau
Eglise Saint Martial
Annuaire de l'Yonne, 1863
Eglise de Seignelay
L'église de Seignelay qui est située au centre de la ville à peu de distance de la grande allée du château. C'est un assez bel édifice reconstruit tout entier sur l'emplacement d'une ancienne église, vers la période de 1550, ainsi que l'indiquent plusieurs dates gravées, sur les murs. On attribue la réédification à Jean de la Rivière, baron de Seignelay. Le type architectural de la fin du XVe siècle se retrouve dans l'ensemble de la construction ; quelques portions notamment le petit porche coté sud, donnant sur l'ancien cimetière, et le grand porche du coté de la façade ouest, appartiennent bien à l'époque de la renaissance, mais il ne reste que des débris de ce joli porche qui devait être très élégant. La tour carrée du clocher est très haute et se termine par une toiture arrondie surmontée autrefois par un petit clocheton.
La grande nef et le bas coté sud sont voûtés en pierres à nervures ogivales reposant sur des piliers sans chapiteaux ; la hauteur des voûtes est remarquable; de larges fenêtres, assez élégantes d'ornementation, sont décorées de vitraux provenant des ateliers de M. M. Vaissières, établis à Seignelay et dont les ouvrages jouissent d'une réputation méritée. D'autres vitraux datent de l'époque de la construction.
Le maître autel, d'ordre corinthien, est assez remarquable ; il provient en partie de la chapelle du château et porte encore les armes de Colbert-Seignelay. Au-dessous de cet autel se trouve un caveau dont la construction a été motivé par la pente assez forte du terrain. Signalons aussi un charmant petit bas-relief en marbre blanc représentant un ange tenant une croix ; un joli cadre borde ce petit chef-d'œuvre qui provient du château de Régennes, dit-on (école du XVIIIe siècle).
Clocher, en 1775
Clocher avant sa réfection, en 1893
Extraits des Registres Paroissiaux de Seignelay
GG 1, 1641 - 1790, (Registres - In-f°, papier, 2321 feuillets)
… <Le lundi 31 mai 1683, Louis XIV, Roi de France, après avoir couché à Auxerre la nuit du dimanche au lundi, a fait l'honneur à Monsieur de Seillenay de venir en compagnie prendre en son parc le divertissement de la chasse, après quoi, étant entré en son château, il trouva en la grande salle une magnifique collation qu'il prit, et il s'en retourna ensuite coucher à Auxerre> …
A la fin du registre de 1701, on lit: <Le 8 août 1701, en posant le carreau du sanctuaire, on a trouvé, proche la porte de la sacristie, au défaut de la voûte de la cave, trois corps ou ossements d'un très grand et gros corps, deux autres d'enfants; il y avoit même les cheveux attachés au crâne, et les anciens du pays ont assuré qu'on avoit mis auprès le cœur de M. de Malain, seigneur du lieu, qui fut apporté dans un cœur d'étain il y a environ 80 ans, de Lorraine, où il fut tué au siège de Pont-à-Mousson>
A propos du Clocher
Sous l'ancien régime, l'Eglise est le symbole de la communauté d'habitants. D'époque ou l'influence romane, gothique ou renaissance, ce bâtiment de culte, lieu sacré pour les croyants apparaît comme l'élément visible et constitutif d'une assemblée villageoise présente dans notre commune.
Des édifices plus ou moins remarquables par leur plan et construction constituent des richesses monumentales de notre pays et à Seignelay, qui serait indifférent aux regards de la tour massive, pareil à un donjon féodal, dominant notre commune comme le fut par le passé le château du marquisat-prairie de Jean-Baptiste Colbert.
La tour de l'église, dont les contreforts sont constitués de blocs de grès gris très durs, tirés et taillés au village des Baudières dans un lieu appelé "le Coutat", a fait l'objet de différentes restaurations au fil des siècles. D'une élévation de 40 mètres environ, notre clocher dans sa configuration actuelle date de 1894.
Sous le ministère du curé-doyen Philibert Paul Gabriel CHAMPENOIS (1877 – 1898), le Conseil de Fabrique de l'église de Seignelay obtient satisfaction du Conseil Municipal, pour la restauration dudit clocher, toiture et entablement qui étaient dans un état de délabrement complet. L'entretien des bâtiments du culte étaient à la charge de l'administration municipale et la Fabrique n'intervenait qu'au tiers des dépenses.
Nous devons à la clairvoyance du secrétaire de mairie, une vue prise de son bureau du clocher avant sa restauration, datée du 1er août 1893. Grâce aux plans et devis, nous avons pu connaître avec exactitude la nature des travaux exécutés. Il fut construit un dôme quadrangulaire de 4 mètres d'élévation, surmonté d'un campanile hexagonal de 3,50 mètres avec la croix et le coq gaulois pour couronnement. La couverture du dôme est en cuivre rouge, d'un millimètre d'épaisseur, en feuilles de 9kg et revenant à 16 francs le mètre superficiel. L'entablement est constitué de pierre de taille de Courson. Les bois de charpente, en chêne, doivent avoir au moins 18 mois de coupe.
Nous nous permettons une anecdote relative à cette modification. Le curé-doyen très fier de la restauration du clocher aurait eu la prétention de comparer cette réalisation au dôme des Invalides, mais l'acerbité de la remarque d'un de ses vicaires, considérant qu'il s'agissait plutôt de l'invalide des dômes, le laissa perplexe.
De temps immémoriaux, l'usage de sonneries de cloches fut pratiqué dans les communes, pour l'annonce des offices religieux, mais aussi en cas de péril commun et les fêtes nationales. Les cloches symbolisent paroisse et communauté dans la mentalité des populations. Elles annoncent les étapes de la vie quotidienne de chaque habitant, seul moyen d'ameuter la population jusqu'à l'apparition des sirènes plus modernes. Outre les solennités religieuses et fêtes carillonnées, elles avertissent des dangers : inondations, incendies, raids de brigands ou de routiers dans les périodes révolutionnaires (tocsins). L'Angélus intègre ces deux fonctions, laïque et ecclésiastique ; il rythme le déroulement de la journée.
Jusqu'à la révolution, le clocher de l'église ne possédait que deux cloches. L'une se brisa et l'on procéda alors à sa refonte au désir hautement manifesté de toute la paroisse pour rétablir au plus vite l'ancienne sonnerie, restée dans tous les souvenirs et regrettée. L'acquisition de deux nouvelles cloches en 1858 s'opéra par souscription. Parmi les bienfaiteurs habituels, la noble maison de Montmorency. Le métal utilisé pour la fonte des cloches est le bronze, ou airain. Il est composé généralement de cuivre, d'étain, de plomb et de zinc. Pour certains carillons, il fut d'usage de rajouter un dixième de marcassite d'argent pour parfaire le tintement.
Les quatre cloches qui permettent les sonneries civiles et religieuses de notre commune actuellement, ont été baptisées, comme le voulait la tradition. Différentes inscriptions figurent sur les cloches : le nom de son donateur, de ses parrain et marraine, une parabole tirée de l'Ecriture Sainte, le tout rédigé en latin. La marque de fabrique figure aussi : les quatre cloches sont issues des fonderies JACLARD de Metz. Pour mémoire, rappelons leurs noms, poids et note : Anne-Marie, pesant 1515 kg de note Fa dièse, Marie Conçue sans Pêché, de 787 kg, de note Mi, Michel-Joseph, de 454 kg, de note Sol dièse, de Nicolas-Modeste, de 200 kg, en note Si.
Avant l'électrification de la sonnerie en 1959, il fallait mettre en branle le mécanisme, en tirant sur les cordes, et si l'Angélus ne nécessitait l'intervention d'une seule personne, il était nécessaire d'être plusieurs pour l'annonce des messes et solennités. Notre ancien garde-champêtre, Monsieur BESSOT remplissait la dernière fonction de sonneur pour l'Angélus chaque jour au matin, midi et soir, réglant le rythme de nos journées. Depuis quelques années, l'horaire du matin en a été modifié, 8h au lieu de 6h30, correspondant mieux aux temps modernes.
Cette étude ne saurait être complète sans mention de cette machine qui égrène invariablement les heures et le temps, l'horloge du clocher.
Construite et installée par les Ets BLIN de Paris depuis le 1er novembre 1860, l'horloge, munie de ses cadrans, remplaça l'ancienne horloge publique menaçant ruine. Les rouages du mouvement et de la sonnerie sont en cuivre, sauf ceux des remontoirs, en fonte de fer. De suspension à ressort, le balancier bat la seconde. Reliée aux cloches, elle sonne les quarts simple et double, la demie et l'heure. Avant sa modification de 1959 pour un mécanisme électrique, elle était remontée tous les 8 jours, cela nécessitait 777 tours de manivelle pour remonter les 3 contrepoids sur une chute de 18 mètres.
Cette fois encore, les Seignelois sollicités pour cette cause furent très généreux, assurant pour une bonne part le financement de cette horloge. Et, au cadran, la cloche sonne toujours les heures avec une exactitude où l'on discerne un sens absolu du Devoir.
Archives départementales 2 0 3418
Réparation du clocher – substitution de la flèche par un terrasson
Rapport sur l'état actuel
Commune de Seignelay
Démolition de l'ancien clocher ; Restauration de la Tour
Rapport sur l'état actuel du clocher
La commune de Seignelay voulant faire restaurer le clocher de l'Eglise de Seignelay qui est en très mauvais état. Je fus chargé par le Conseil Municipal de la dite commune d'examiner l'état actuel du clocher et de reconnaître si une restauration pouvant être faite, et dans le cas contraire d'établir un devis pour la démolition du clocher et de recouvrir la tour par un terrasson en tôle galvanisée, entourée d'une balustrade en fonte.
Je me suis rendus à Seignelay le 18 juin 1892 accompagné de Monsieur le Maire assisté de plusieurs Conseillers Municipaux. Nous avons visité le dit clocher : nous avons constaté : 1er Que la couverture en ardoises et que le voligeage en sapin étaient en partie pourris, 2ème La charpente par suite du mauvais état de la couverture a souffert beaucoup. Des pièces sont pourrîtes et elles sont appuyées sur la saillie de l'entablement qui est gelé et une partie tombée, il n'y a que le coté opposé au nord qui est à peu près intact.
Enfin à mon avis il est d'une grande urgence de remédier à cet état de chose car le clocher tel qu'il est menace complètement ruine. La restauration ne pourrait avoir lieu qu'en le démolissant et en le reconstruisant, car comme je l'ai dit plus haut beaucoup de pièces de bois demandent à être remplacées ce qui deviendrait plus onéreux à la commune que le projet actuel.
L'Eglise date du XIV siècle, le clocher actuel est fin XVIII. Dès le début il devait y avoir une plate forme couronnant la tour à la place des clochers qui ont du se succéder, car on remarque, que l'entablement sous les sablières est refouillé comme pour recevoir un chéneau servant à recueillir les eaux du terrasson qui devait couvrir primitivement la tour.
Auxerre le 8 mars 1893
Osmont
Archives départementales 2 0 3418
Refonte de la grosse cloche
Extrait du registre des délibérations du conseil de fabrique de la commune de Seignelay
Le conseil de la fabrique de la commune de Seignelay composé de MM. Chancy Président, Nallot curé-doyen, Frottier maire, Bijon, Poursin, Lantonnier et Ficatier, ce dernier trésorier secrétaire et réuni au lieu habituel de ses séances, en vertu de l'autorisation de Monseigneur l'archevêque de Sens, en date du douze du présent mois.
M. le Curé-Doyen expose que la cloche de la paroisse servant également aux usages de la commune, vient d'être cassée de telle sorte qu'elle ne peut plus servir d'où l'indispensable urgence d'aviser aux moyens de faire opérer la refonte de la dite cloche.
Le conseil, tout en regrettant beaucoup cette sorte d'accident comprend parfaitement combien il est pressant d'y remédier, en rendant le plus tôt possible aux exercice du culte, comme aux besoins de la commune la sonnerie ordinaire réclamée par toute la population.
Dans ce but donc, le conseil ne voit rien de mieux que de se faire représenter par le trésorier, le budget de 1858, lequel d'après ses dépenses accompli, laisse un excédent de 252f82 auquel pourrait peut être s'ajouter une centaine de francs d'économie que s'efforcerait de faire le trésorier sur les dépenses ordinaires, si possible était en restreignant au strict nécessaire les dites dépenses ordinaires.
Toutefois le conseil en disposant ainsi de toutes ses ressources ne peut que déplorer leur insuffisance et c'est par ce motif qu'il charge son président de provoquer par toutes les voies de droit, conformément à la loi, le concours de la commune, non moins intéressée dans l'affaire dont il est question, et pour montrer son bon vouloir à la commune dont il connaît les charges, le conseil quoi qu'il ne puisse offrir que les sommes dont il peut disposer sur son budget en cours d'exécution, se fait un devoir de faire à la municipalité cette proposition de solder, mais en cinq ans, la moitié de la dépense à faire, laquelle selon le devis du sieur Jaclard fondeur à Metz adopté pour la refonte en question doit être de mille francs, payables en cinq ans avec les intérêts décroissants.
Délibéré les jour, mois et an sus dits et ont signé les membres présents.
Signé : Frottier, Chancy, Bijon, Nallot, Poursin, Lantonnier, Ficatier
Pour extrait conforme
Le Président Chancy
VITRAUX
EGLISE SAINT-MARTIAL
Edifice classé Monument Historique en 1903 et 1921
Vitraux classés ID
BIBLIOGRAPHIE
Sources ms : ACMH dossiers Ouvr. Impr. : Petit. Annu. Stat. Département Yonne, t. XXVII, 1863, p. 274 – 275 (vitr. page 275). Quantin, 1868, col. 67 (vitr.). Pignard-Péguet, 1913, p. 563-566 (vitr. P. 565).
HISTORIQUE ET RESTAURATIONS
L'église construite à la Renaissance avait reçu de nombreuses verrières. Les panneaux qui subsistent en place au sommet de six des baies du chœur semblent dater du deuxième quart du XVIe siècle : ces fragments furent respectés par J. Vessière installé à Seignelay depuis le milieu du XIXe siècle, à qui revient tout naturellement la réfection des vitraux. Certaines des nouvelles verrières sont sorties de cet atelier avant 1863 (Petit et Cotteau). Les autres, qui sont peut-être dues aux fils de Joseph Vessière – aucune signature n'a été relevée ici – sont peu postérieures. Un même parti a été adopté dans toute la série, celui des figures en pied placées au milieu des lancettes, entourées de vitreries décoratives le plus souvent colorées, ou de grands dais architecturaux. Ces figures appartiennent principalement à l'iconographie de la Vierge et du Christ. Enfin Henri Mathieu, originaire de Seignelay, fit pour l'église trois verrières (baie 0, 6 et 12) de 1881 à 1885. En 1955, puis en 1976, des restaurations ont été pratiquées.
Baie 0 (Vie de Jésus) Vers 1530 et 1883
3 lancettes trilobées et tympan à 9 ajours. H. 5m – Larg. 1,60m. Tympan : dans les 4 soufflets groupés entre les têtes de lancettes., 4 anges portant les instruments de la Passion (XVIe s.), ajours supérieur : triangle de Jéhovah et chérubins (XIXe s.). lancette sur 4 registre : 12 scènes de la Passion et de la Vie glorieuse du Christ, depuis le Lavement des pieds jusqu'à l'Ascension.
COC. GRAPH. : Inventaire régional. Bourgogne, cl. FP 82 89 107 X.
Baie 1 (Immaculée conception) Vers 1530-1540 et 1860
3 lancettes et tympan à 5 ajours. H. 5m – Larg. 1,60m. Lancette centrale : la Vierge immaculée écrasant le serpent. Incrustation latine à la Vierge immaculée, 1854. Vitrerie géométrique colorée dans le reste de la lancette et dans les lancettes latérales. Têtes de lancettes : sommet de niches Renaissance (XVIe s.). Tympan : 4 chérubins dont 2 sont anciens entre les têtes de lancettes, monogrammes du Christ et couronne. Quelques restaurations dans la gloire entourant la Vierge.
DOC. GRAPH. :Inventaire régional, Bourgogne, cl. FP 82 89 110 X, FP 82 89 111 X.
Baie 2 (Pie IX) Vers 1530-1540 et 1860
3 lancettes trilobées et tympan à 5 ajours. H. 5m – Larg. 1,60m. Lancette centrale : le pape Pie IX promulguant le dogme de l'Immaculée Conception – verrière complémentaire de sa symétrique la baie 1, dont elle reproduit la présentation. Têtes de lancettes : sommets de niches Renaissance (XVIe s.) ; ajours du tympan : 4 chérubins (XVIe s.) et dans l'ajour supérieur, monogramme de la Vierge et couronne.
DOC. GRAPH. : Inventaire régional, bourgogne, cl. FP 82 89 108 X.
Baie 3 (Joseph) Vers 1530-1540 et 1869
3 lancettes trilobées et tympan à 3 soufflets et 4 écoinçons. H. 5m – Larg. 1,60m. Lancette : saint Joseph portant le lys et les instruments de charpentier, entre 2 anges portant l'un un sceptre l'autre une couronne ; banderoles au-dessus d'eux avec incrustation latine concernant la dévotion à saint Joseph. Têtes de lancettes : sommets de niches Renaissance (XVIe s.). Soufflets inférieur du tympan : la Vierge et saint Jean debout (XVIe s.). soufflet supérieur : ostensoir et chérubins ayant remplacé le Christ en croix sans doute figuré dans la verrière d'origine. Ecoinçons : verres colorés anciens. Quelques restaurations dans les panneaux du XVIe s. du tympan.
DOC. GRAPH. : Inventaire régional, Bourgogne, cl. FP 82 89 112 X, FP 82 89 113 X, FP 82 89 288 ZA.
Baie 4 (le Christ, saint Pierre et ?) Milieu du XVIe s. et 1858
3 lancettes trilobées et tympan à 9 ajours. H. 5m – Larg. 1,60m. Lancette : le Christ enseignant, entre saint Pierre à gauche et un autre saint barbu portant un bâton pastoral à droite. Fond coloré à découpe rectangulaire et dais trilobé ; contre-fond de vitrerie décorative colorée dans le reste des lancettes. Têtes de lancettes : entablement Renaissance courant sur les 3 lancettes (vestiges de la verrière d'origine, XVIe s.). Tympan : chérubins dans les 3 ajours supérieurs et verres colorés dans les autres formes (XVIe s.).
DOC GRAPH. : Inventaire régional, Bourgogne, cl. FP 82 89 109 X.
Baie 5 (saint Jacques et saint Jean) Vers 1530-1540 et 1860
4 lancettes trilobées et tympan à 10 ajours. H. 5m – Larg. 2,20m. Lancette : saint Jacques le Majeur et saint Jean l'Evangéliste occupent le milieu des 2 lancettes centrales. Vitrerie décorative dans le style du XIIIe s. dans le reste des lancettes. Têtes de lancettes : sommets de niches Renaissance (XVIe s.). Tympan : 3 séraphins rouges, 2 chérubins, 4 anges musiciens ; globe au sommet (XVIe s.).
DOC. GRAPH. : Inventaire régional, Bourgogne, cl. FP 8289 114 X, FP 82 89 115 X, FP 8289 287 ZA.
Baie 11 (à gauche de l'entrée principale) XVIII et 1860
3 lancettes et tympan. Tympan : vitrerie à bornes du XVIIIe s. 3 ajours principaux ; écoinçons refaits avec fleurons et bornes, vitrerie géométrique colorée (XIXe s.).
Registre administratif du Doyenné rural de Seignelay tenu par M. CHAMPENOIS
curé doyen de 1877 à 1898
21 avril 1881
Verrière de l'Arbre de JESSÉ, chapelle de la Vierge
Comme couronnement de l'autel du Rosaire érigé le 07 octobre 1877, une verrière représentant la généalogie de Notre Seigneur Jésus Christ et comprenant 29 personnages de Jessé à Notre Seigneur a été posée par les soins du Conseil de fabrique. Cette verrière sort des ateliers de M. MATHIEU, peintre verrier à Paris enfant du pays, élève des frères VESSIÉRE, auxquels l'église du pays doit les belles verrières que l'on remarque dans les deux nefs. L'œuvre de M. MATHIEU est bien soignée et produit un effet splendide. Elle remplace dignement l'ancienne verrière contemporaine de l'église dont il ne reste que quelques débris et qui avait en grande partie disparue par suite de la construction du gigantesque et informe retable en bois appliqué postérieurement à la fenêtre, lequel a fait place aux bas-reliefs de l'autel du Rosaire.
La verrière a été bénite le jour de Quasi modo à l'issue des Vêpres. Elle a coûté 1600f.
20 septembre 1883
Verrière du fond de l'Abside
Une verrière représentant les principales scènes de la Passion de Notre Seigneur Jésus Christ a été établie dans la fenêtre principale de l'Abside. Elle sort des ateliers de M. H. MATHIEU, peintre verrier à Paris, 104 rue du Chemin-Nord. Comme celle de l'Arbre de Jessé le sujet reproduit était obligatoirement indiqué par les débris de l'antique vitrail contemporain de l'Eglise, lesquels subsistent dans le tympan (4 anges portant les instruments de la Passion, lance, fouets, verge) et dans la partie supérieure de la verrière St Joseph (Marie et Jean au pied de la croix) les scènes ont été prises en presque totalité dans la Bible illustrée de SCHNOOR. L'artiste a parfaitement imité son modèle, et très bien exécuté et disposé son travail. La verrière coûte 1600f. un grillage a été immédiatement posé à l'extérieur.
La bénédiction de la verrière a eu lieu le 07 octobre, premier dimanche du Rosaire.
28 octobre 1885
Verrière du Baptistère
La fenêtre ogivale du Baptistère qui avait été murée extérieurement, à une époque très éloignée, et intérieurement par M. VALLOT curé, il y a environ 25 ans a été rouverte par nous curé soussigné à l'effet d'éclairer cette partie sombre de l'Eglise et de rétablir la régularité dans l'édifice. Cette fenêtre a été trouvée pourvue d'une grille de sûreté et surmontée d'un tympan très gracieux. Une rainure pratiquée dans le meneau intérieur indiquait qu'elle avait reçu primitivement une verrière. Nous y avons établi comme le réclamait le lieu, une verrière représentant le baptême de Notre Seigneur. Ce travail, fort bien réussi, a été fait par M. H. MATHIEU, peintre verrier à Paris, enfant du pays, auquel nous devons les 2 verrières de la Passion et de l'Arbre de Jessé. Il a coûté 200f. La fenêtre a été immédiatement garnie d'un grillage extérieur.
20 octobre 1879
Réparation du dallage de l'allée de la grande nef
Pour réparer le dallage, qui était extrêmement en mauvais état, on s'est servi principalement de cinq pierres tumulaires retrouvées sous la grève dans l'allée droite du cimetière et qui recouvraient autrefois les corps de M. CHALASSOL de VARNAD ancien curé de SEIGNELAY, de M. BARLIE prêtre ancien chapelain du Château, de M. BOUTAREL prêtre ancien religieux de PONTIGNY, et de Melle JUILLET ancienne religieuse de l'ordre de FONTREVAULT. Ces différents personnages avaient été inhumés dans la direction de la croix qui s'élevait alors au milieu de la dite allée. En fouillant cette allée, retrouvait-on les ossements ? Plusieurs en doutent donnant pour raison que les tombes ont été dérangées, et n'occupaient plus les places respectives où avaient été déposés les défunts.
Par contre, Jean Baptiste GUINAULT (1667 – 31 mars 1717), curé depuis 1695, est bien enterré dans l'église.
La pierre tombale est en travers de l'allée centrale servant de seuil à l'entrée du chœur.
"JEHAN BAPT GUINAULT ORATE PRO CO QUI PRO VOBIS ORAVIT"
L'Y.R. du 1er août 1975
A propos des cloches de Seignelay
Des cloches, lointaines cloches,
Dans le grand crépuscule immobile d'automne,
Eveillent un frisson sonore et monotone…
Je cite de mémoire ces vers mélancoliques de Fernand Gregh, n'ayant pas le texte sous les yeux. C'est qu'en effet mon ami et conseiller général Jean Michel Renaitour me demande quelques lignes inédites sur Seignelay et c'est aux cloches que je pense.
On sait qu'elles sont quatre et assez récentes, étant venues au monde et ayant été baptisées, les trois premières en 1858, la quatrième en 1859. Ce sont Anne Martial, du poids de 1515 kilos; Marie, conçue sans péché, de 787 kilos; Anne Michel Joseph de 454 kilos; Anne Jacques de 200 kilos.
Les chères cloches ! De quelles belles voix elles remplissent la vallée du Serein ! Leur présence ne nous quitte pas ! Trois fois par jour elles saluent la vierge : « L'ange du seigneur à Marie…». Trois coups séparés et discrets qu'accompagne une belle volée. Jusqu'à la séparation, il y avait des sonneurs appointés par l'Eglise.
A la séparation, M. le doyen Gâteau du faire appel à la bonne volonté. Ce fut le vieux père Bègue qui se présenta. Il était déjà chantre et il aimait chanter les offices du dimanche et les offices des enterrements. Pendant plus de 50 ans, il fut au service de l'Eglise et ne fut jamais en retard pour sonner les trois Angélus de la journée. Il avait reçu des mains de Mgr l'archevêque la médaille pontificale du Mérite. Il mourut en 1926. Il eut des obsèques magnifiques et l'abbé Villetard curé de Seignelay, célébra éloquemment son dévouement.
Mais c'est surtout le dimanche que nos cloches sont heureuses de chanter. Ce jour là les trois grosses cloches se mettent en branle et c'est, au-dessus de la vieille tour et au-dessus du village, un grand concert qui nous paraît d'abord désordonné: les trois voix se chevauchent, se mêlent, se répondent, toutes les trois impérieuses, toutes trois harmonieuses et qui manifestent une sorte d'enthousiasme sacré.
Cloches aussi des grands événements familiaux: baptêmes, premières communions, mariages. Ce n'est que pour la mort et les funérailles qu'elles s'attristent et sonnent le glas. Je ne connais rien d'aussi triste que cette sonnerie, à laquelle répondront dans l'église, le Requiem et le Dies irae de l'orgue.
Heureux les habitants de Seignelay qui auront la voix de leurs cloches à leur baptême et à leur mort! C'est le village qui les assiste et c'est leur église qui les berce de ses plus beaux chants.
Les cloches célèbrent aussi les grands événements nationaux: l'appel aux armes de 1914 et l'armistice et la victoire. Ah! qu'elles furent bonnes à entendre le 11 novembre 1918! Tous les cœurs des français battaient à l'unisson avec elles. Elles sonnèrent en 1930 pour le cinquième centenaire du passage de Jeanne d'Arc à Seignelay. Elles sonnèrent pour le troisième centenaire de la naissance du grand Colbert. Elles sonnèrent encore pour l'inauguration de l'orgue magnifique de Seignelay le 27 mars 1927.
Que de gens illustres ont eu le plaisir de les entendre chanter: Mgr Respighi, préfet des cérémonies vaticanes; Dom Besse; Henri Charlier; Fernand Py; Robert Vallery-Radot; Marcel Chailley; Henri Joly; Léon Noël; Jean Chamant; Joseph Bonnet; Marie Noël; Jules Bas.
Tant d'autres avaient déjà admiré les richesses de Seignelay, l'église, les halles, monuments historiques, la capitainerie, le bailliage, l'escalier de la manufacture royale, et qui écoutaient avec bonheur l'orgue à la façade sculptée par François Py, et les cloches, les belles cloches de Seignelay.
Lamartine eût aimé nos cloches, lui qui célébra si magnifiquement celles de Saint-Point, où il voulut dormir son dernier sommeil. Ecoutons-le :
Et toi Saint porte-voix des tristesses humaines,
Que la terre inventa pour mieux crier ses peines,
Chante! Des cœurs brisés le timbre est encor beau!
Que ton gémissement donne une âme à la pierre,
Des larmes aux yeux secs, un signe de la prière,
Une mélodie au tombeau !
Abel Moreau